Iles Cook -27 au 31 août 2012
Séance plénière
Mercredi 29 août 2012 – Rarotonga
Monsieur le Premier Ministre des Iles Cook,
Monsieur le Secrétaire Général du Forum,
Mesdames et Messieurs les dirigeants des pays membres du Forum des Iles du Pacifique,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Kia Orana,
C’est avec grand plaisir que je prends la parole ce matin devant vous,
ici, à Rarotonga, à l’occasion de la séance plénière du 43ème Sommet du
Forum des Iles du Pacifique.
Je n’ai quitté Nouméa qu’hier soir afin de pouvoir participer à
l’élection annuelle du bureau et du Président du Congrès de la
Nouvelle-Calédonie, notre assemblée délibérante.
Je voudrais donc immédiatement vous présenter mes excuses, Monsieur le
Premier Ministre, de n’avoir pu assister à la cérémonie d’ouverture de
cette grande réunion des Pays et Territoires Insulaires du Pacifique,
dont il m’a été rapportée la qualité.
Je voudrais également vous remercier, Monsieur le Premier Ministre, et à
travers vous l’ensemble du peuple des Iles Cook, pour votre accueil
très chaleureux sur votre magnifique archipel.
Je suis accompagné aujourd’hui de
- de Monsieur Georges MANDAOUE, Membre du Gouvernement de la
Nouvelle-Calédonie en charge des Affaires Coutumières, du Travail, de
l’Emploi et de l’Insertion Professionnelle
- et de Madame Déwé GORODEY, que vous connaissez bien, en charge de la Citoyenneté, de la Culture et de la Condition féminine.
Vous pouvez donc le constater, cette année encore notre délégation, qui
représente les différentes sensibilités présentes au sein du
Gouvernement, reflète le caractère collégial de l’exécutif calédonien.
Chers amis,
Cette année 2012 est une année importante pour la Nouvelle-Calédonie sur le plan régional.
En effet, nous accueillerons la semaine prochaine la 23ème Conférence
Annuelle du Programme Régional Océanien pour l’Environnement, le PROE,
avec en point d’orgue la réunion des Ministres de l’Environnement du
Pacifique.
Il s’agit pour nous d’un événement majeur, que nous souhaitons
valoriser, et dont nous avons la conviction qu’il produira des
résolutions opérationnelles et responsables.
Pour cela, en concertation avec le Secrétariat du PROE, nous avons
décidé que les thématiques stratégiques du segment ministériel de cette
conférence seraient consacrées aux financements innovants du changement
climatique, aux énergies renouvelables et, enfin, à la conservation de
l’Océan Pacifique.
Vous l’aurez compris, la Conférence ministérielle du PROE s’inscrit
ainsi exactement dans la thématique centrale qui constituera
l’inspiration de nos échanges tout au long de cette semaine, laquelle
thématique s’intitule en français : « De grands États et territoires
insulaires maritimes : le défi océanien ».
Nous aurons l’honneur et le privilège de la sorte d’accueillir la
semaine prochaine à Nouméa la première réunion opérationnelle chargée de
mettre en œuvre la feuille de route que nous nous assignerons pendant
ce 43ème Sommet du Forum aux Iles Cook.
Cette concordance thématique n’est évidemment pas un hasard.
C’est, au contraire, une évidence.
Comment, en effet, quelques semaines à peine après le Sommet de la Terre
à Rio, aurait-il pu en être autrement puisque, de fait, la déclaration
finale de Rio + 20 nous invite à préciser les engagements pris à
l’échelle mondiale en matière de préservation des océans en deux années
seulement.
Nous n’avons donc pas d’autre choix que de nous atteler immédiatement à cet immense défi.
Cette réalité maritime de nos territoires, cette réalité sensible pour
nos populations, nous devons nous l’approprier de manière structurelle !
C’est ainsi qu’une série d’initiatives et de résolutions déclinent concrètement cette priorité et figure à notre ordre du jour.
Tout d’abord, chers collègues, nous avons choisi de nous impliquer
pleinement dans l’initiative « Pacific Oceanscape » qui est
incontestablement un objectif de tout premier plan et dans lequel la
Nouvelle-Calédonie prendra toute sa place.
Nous sommes, en Nouvelle-Calédonie, déjà pleinement engagés dans ce défi.
Nous avons, en 2010, signé avec l’Australie -et je salue ici Madame la
Premier Ministre Julia GILLARD- une Déclaration d’Intention visant au
renforcement de nos échanges dans notre gestion commune de la Mer de
Corail.
La Nouvelle-Calédonie a aussi affiché clairement son objectif d’aboutir à
la création d’une vaste aire marine protégée adjacente à celle d’autres
États riverains de la Mer de Corail.
Pour nous, cette priorité régionale est également une priorité locale.
Vous le savez, une partie importante de notre lagon, de notre récif et
de nos mangroves, est inscrite depuis 2008 dans la liste du Patrimoine
Mondial de l’UNESCO et nous avons la responsabilité de maintenir la
pleine intégrité de ce bien exceptionnel pour les générations futures.
Pour autant, au-delà de cette dynamique locale partagée, nous avons la
conviction que nous devons également inscrire notre objectif de
conservation dans une stratégie de développement durable appliquée,
précise et concrète :
Dans le domaine de la pêche d’abord, il nous appartient de mieux
assurer la gestion durable de nos ressources halieutiques tout en
veillant à ce que nos populations disposent des infrastructures de pêche
nécessaires à leur sécurité alimentaire.
Nous devons, en outre, en fédérant nos moyens, continuer à lutter d’une
part contre les pêches illégales, non-déclarées et non-réglementées et,
d’autre part, contre les effets néfastes du changement climatique en
matière d’acidification des océans, deux phénomènes qui impactent
directement la distribution et la préservation des stocks de poisson de
notre région.
Ensuite, dans le domaine de l’exploitation des ressources minérales, nous devons agir en responsabilité.
C’est ainsi que, dès 1991, la Nouvelle-Calédonie a mis en place le
programme ZONECO qui associe l’ensemble des entités concernées sur notre
territoire et constitue un remarquable outil d’exploration et
d’évaluation des ressources marines vivantes et minérales des eaux de la
Nouvelle-Calédonie.
Vous le voyez, chers amis, la Nouvelle-Calédonie souhaite prendre une
part active et concrète dans ces travaux essentiels à la préservation de
notre océan.
Il conviendra d’ailleurs, dans l’immense travail qui nous attend, que la
CPS, et notamment ses divisions « ressources marines » et SOPAC, soit
pleinement associée à cette initiative.
Nous soutenons en cela un programme porté par la CPS et consacré au
traitement des données relevées par les observateurs embarqués sur
certains navires de pêche.
Leaders de la zone ACP-Pacifique à Rarotonga, Iles Cook - photo crédit : Pacnews/Pina
Mesdames et Messieurs,
Notre mandat cette année nous invite bien évidemment à nous pencher sur d’autres sujets cruciaux.
Parmi ceux-ci, je voudrais en évoquer deux qui nous tiennent particulièrement à cœur :
• Il s’agit en premier lieu de la coopération en faveur du développement.
Vous le savez, la Nouvelle-Calédonie connait depuis quelques années une évolution de son positionnement régional.
Nous sommes en effet à la fois territoire insulaire du Pacifique –et
connaissons à ce titre les particularismes inhérents à cette réalité- et
acteur de la coopération au développement.
Ainsi, nous bâtissons depuis quelques années une véritable politique
d’aide au développement en conduisant dans le Pacifique de plus en plus
d’actions de coopération à destination de certains de nos partenaires.
Nous sommes donc sensibles à la réflexion de fond engagée à l’échelle
mondiale et déclinée de façon très précise dans la région depuis
l’adoption du Pacte de Cairns.
Nous partageons sans aucune réserve votre volonté d’une plus grande
coordination des aides au développement et d’une implication plus large
de nouveaux acteurs du développement comme le secteur privé.
Nous sommes aussi convaincus que nous devrions veiller systématiquement à
ce que les bénéficiaires de nos aides puissent s’approprier dans le
même temps les stratégies de développement mises en œuvre.
• En second lieu, nous souhaitons souligner tout particulièrement une
autre thématique à l’ordre du jour de notre sommet : il s’agit de
l’engagement que nous devons prendre ici, aux Iles Cook, d’élaborer « un
cadre régional pour le développement de la jeunesse ».
Cette question nous semble absolument prioritaire.
L’épanouissement de notre jeunesse est bien évidemment un enjeu sociétal.
Mais bien au-delà, il est un enjeu social et économique.
À plus long terme, il est aussi un enjeu de gouvernance et de stabilité régionale.
Parce que nous sommes certains que ce défi est capital, nous avons
décidé d’accueillir du 2 au 7 décembre 2013, en Nouvelle-Calédonie, sur
la commune de Païta, la 2ème Conférence de la Jeunesse et des Sports du
Pacifique.
Après Manukau en Nouvelle-Zélande en 2010, nous souhaitons au travers de
cet événement démontrer que le sport peut être un outil de
développement social et humain durable au service des communautés du
Pacifique.
Cette conférence, soutenue activement par la Confédération Océanienne de
Football et par la CPS, réunira durant une semaine un millier de jeunes
de 16 à 25 ans représentant 25 pays du Pacifique.
Sur le thème de la santé, de l’éducation et de la formation mais aussi
de l’intégration sociale, de nombreux ateliers et tables rondes
permettront à ces jeunes acteurs de la vie océanienne de partager leurs
expériences.
Cette conférence, ponctuée par la réunion des Ministres des Sports et de
la Jeunesse du Pacifique, sera ainsi l’occasion d’élaborer des plans
d’actions et de financer des projets de développement portés par ces
jeunes.
Mes chers amis, permettez-moi de solliciter très solennellement votre
mobilisation aux côtés des délégations de jeunes des États et
Territoires que vous représentez pour que leurs participations en soient
facilitées et pleinement soutenues par les forces vives de vos pays.
Toujours dans le domaine du développement humain, je veux également
apporter le soutien total de la Nouvelle-Calédonie à l’initiative portée
par les Iles Cook, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Vanuatu,
d’adopter cette semaine une Déclaration commune consacrée à l’égalité
des genres.
Il s’agit là aussi pour nous d’un enjeu essentiel pour le développement océanien.
Nous disposons d’ailleurs en Nouvelle-Calédonie depuis l’adoption en
2000 de deux textes législatifs d’un dispositif garantissant l’égalité
d’accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions
électives.
Vous le constatez, chers collègues, nous nous rallions sans réserve aux
priorités et orientations stratégiques que vous avez choisi de valoriser
cette semaine, au cours de ce Sommet.
Avant de conclure, laissez-moi vous redire combien la Nouvelle-Calédonie
que j’ai l’honneur de représenter aujourd’hui devant vous continue de
croire à la légitimité de son évolution statutaire au sein du Forum.
Vous le savez, nous demeurons candidat au statut de membre à part entière du Forum.
Vous connaissez les raisons qui motivent cette demande de la Calédonie
et vous avez pleine conscience des efforts que nous avons accomplis
depuis l’annonce en 2008 de notre volonté d’entrer pleinement dans votre
instance.
Le message que vous nous aviez adressé en 2010 à Port Vila, nous l’avons entendu.
Vous aviez reconnu le fondement de cette volonté de la Calédonie ; vous
aviez également exprimé le souhait de la réactivation du Comité
Ministériel sur la Nouvelle-Calédonie.
Il n’a pas été possible jusqu’ici, faute de temps, d’organiser la mission de ce Comité Ministériel.
Mais il me paraitrait éminemment opportun que vous puissiez, chers amis,
annoncer solennellement désormais l’envoi de cette mission du Comité
Ministériel à Nouméa dans les mois qui viennent.
Je tiens à vous assurer que le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
apportera sa pleine collaboration à cet exercice d’évaluation et nous
savons également que les autorités de l’État français seront à l’entière
disposition de ces missionnaires.
J’en terminerai, Mesdames et Messieurs, en soulignant à nouveau le
travail que conduit avec constance et détermination la
Nouvelle-Calédonie pour s’enraciner toujours plus -devrais-je dire «
toujours mieux »- dans notre environnement Pacifique commun.
Pour en témoigner plus directement encore auprès de vous, nos
partenaires océaniens, j’ai considéré que la consolidation du siège de
la CPS à Nouméa pouvait être un élément important pour cette intégration
régionale.
À ce titre et pour ce faire, la Nouvelle-Calédonie a décidé de
multiplier par deux sa contribution volontaire au budget 2012 de la
l’organisation et nous renouvellerons cette augmentation en 2013.
Nous nous sommes en outre engagés à financer les travaux de rénovation
du siège de la CPS et à financer également la construction d’un nouveau
bâtiment de bureaux pour permettre, nous l’espérons, d’accueillir à
Nouméa une division de l’antenne régionale actuellement hébergée à Suva.
Ce rééquilibrage entre le Siège et l’antenne de la CPS, qui regroupe à
elle seule près de 2/3 des personnels, nous donnera l’opportunité de
redevenir le site central de ce qui constitue la plus importante
organisation internationale du Pacifique.
Je tiens d’ailleurs en cet instant à saluer la très précieuse
collaboration que nous entretenons avec le Directeur Général de la
Communauté du Pacifique Sud, le Docteur Jimmie RODGERS.
Enfin, notre insertion régionale, nous l’envisageons aussi par l’accroissement et le renforcement de nos relations bilatérales.
Nous avons ainsi, cette année, engagé une diversification de nos actions
de coopération en soutenant des projets à destination des populations
de pays tels que Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou encore le
Royaume de Tonga.
Mais cette extension du champ de notre coopération bilatérale doit
pouvoir s’appuyer sur un réseau -structuré et outillé- de représentants
de la Nouvelle-Calédonie dans vos pays.
C’est dans cet objectif que j’ai signé le 26 janvier dernier avec le
Gouvernement français une convention prévoyant l’accueil de « délégués
pour la Nouvelle-Calédonie » au sein de certaines ambassades de France
de la zone.
Ces 5 agents du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie seront chargés,
dès lors qu’ils seront déployés, de nous représenter officiellement
auprès de vos autorités, de mettre en œuvre nos actions communes de
coopération et de veiller au bon développement de nos relations
économiques et commerciales.
J’ai la conviction de ce dispositif, prévu par l’Accord de Nouméa, nous
donnera la chance d’accroitre considérablement nos liens et j’ai le très
grand plaisir -et l’honneur-, aujourd’hui, à cette table, de vous
annoncer que notre premier délégué a d’ores et déjà été nommé auprès de
l’Ambassadeur de France en Nouvelle-Zélande.
Permettez-moi, chers collègues, chers amis, de conclure maintenant en
vous assurant une nouvelle fois, au nom de l’ensemble des membres du
Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, de notre soutien total à vos
travaux.
Nous aurons l’occasion ce soir, lors du dîner des dirigeants, d’en reparler ensemble.
Je suis d’ailleurs très sensible à l’invitation tout à fait
exceptionnelle qui a été faite par le Premier Ministre des Iles Cook aux
membres associés du Forum à partager ce moment privilégié sur les lieux
mêmes de votre retraite de demain.
Merci, très sincèrement, de ce geste.
Et je vous remercie enfin de votre attention.
Harold MARTIN, Président du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie